A bord à Bora
Je me souviens quand j'étais encore une enfant,
Tout en gardant les moutons, il m'arrivait de rêver
Des heures durant, allongée aux abords de la rivière
Serpentant le long des champs de bruyère.
Je m'imaginais capitaine voyageant sur ma nef
"Et comme un autre Christophe,
Je partais comme Colomb
A la découverte d'un nouveau monde."
Bravant les intempéries, les tempêtes,
Je continuais avec hardiesse à maintenir
Fermement la barre du navire qui menaçait
A chaque instant de me lâcher.
Après l'enfer de l'orage, l'accalmie revint
Pour céder place à une mer calme et sereine
Où l'on entendait le doux clapotis des flots
Venant heurter les flancs du bateau.
De ma longue-vue, j'aperçus une île
Je mis le cap en direction de cette terre
Quelques heures à peine suffirent
A aborder cet endroit inconnu et hostile.
Des plages infinies au sable fin et blanc
S'étendaient à perte de vue dans ce paysage
Paradisiaque où les eaux d'un bleu turquoise
Se confondaient à l'horizon avec le lointain océan.
C'était pas tout de rêver mais il fallait trouver
Un abri pour la nuit ou à moins de se réfugier
A l'intérieur du navire échoué sur le rivage.
J'optai pour cette solution me semblant la plus sage.
Il ne restait plus grand chose de périssable
Tout avait été emporté par la fureur de la nuit dernière.
Mes compagnons et moi partîmes en quête de nourriture
Et bien décidés, nous prospectâmes l'île et ses environs.
Machette en main et boussole de l'autre,
Nous essayions, dans la mesure du possible,
De ne point trop nous éloigner de notre campement.
Nous nous enfonçâmes dans cette flore sauvage,
Colorée et exotique où par moment, il nous semblait
Interrompre cette douce quiétude magique régnant en maître.
Les quelques rares habitants de ce lieu magnifique,
Nous regardaient outragés et à la fois intrigués
D'être ainsi dérangés par de parfaits inconnus.
En continuant notre chemin, nous aperçûmes
Une cascade dégringolant le long des rochers,
Nichée dans le creux de cette végétation exubérante
Quelle régalade lorsque nous plongeâmes
Dans les eaux douces et tièdes, vertes et limpides
Revigorant nos membres endoloris dus à tant d'efforts
Surhumains fournis par la nécessité de l'instinct de survie.
J'aurais bien continué de partir ainsi à la dérive
Si je n'avais pas été interrompu par le bêlement
D'un mouton pré-salé broutant paisiblement à mes côtés
L'herbe du havre qui rejoignait le bras de mer.
Je revins tout doucement à la réalité
Tel un sablier s'étant retourné pour m'emmener
Un court instant en voyage chimérique
Où tous les petits enfants de mon âge
Rêvent de partir à la conquête d'un nouveau monde
Tout comme un autre Colomb découvrant l'Amérique.
- L.M. mai 2010 -
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