Métamorphose

Elle était pourtant bien mignonne cette jeune femme

Pour ses vingt et quelques années

Lorsqu'elle décida de s'envoler.

Mademoiselle n'avait plus envie de garder ses ailes.

Elle les troqua contre un contrat de mariage

Qui la changea, au fil du temps, en Madame Tout le monde.

Elle construisit son petit nid bien douillet

Dans lequel elle couva ses œufs qui se transformèrent

En trois magnifiques poussins.

Elle continua d'être jolie cette jeune femme épanouie

Pour ses trente et quelques années,

Et pourtant, elle connut les aléas de la vie :

Chagrins, peines, déceptions, bref, comme tout le monde...

Mais la marquant comme un tatouage qu'on lui infligea au fer rouge.

Elle se transforma en "poupée russe",

Avec de bonnes joues pleines et roses

Cheveux blonds au carrée, formes généreuses,

Plus d'une décennie de cette vie lui ont suffi pour comprendre

Qu'elle n'était pas vraiment ce qu'elle aurait aimé devenir être :

Vivre dans l'ombre de quelqu'un n'est pas forcément bon.

Elle se sentait dépossédée, dépersonnalisée...

Un jour cette "poupée " s'est brisée en voulant tirer sa révérence.

Les morceaux ont été difficiles à recoller mais à force de persévérance,

Cette triste "poupée" désarticulée a fini par remonter la surface de l'eau.

C'est dire si elle a un sacré caractère bien trempé !

Regardez mes mains ! Et vous verrez les lignes de ma vie !

Comme je vous vois d'un œil qui voit clair,

Refusant les neiges maculées, les soleils noirs !

Métamorphosée, plus solide, inflexible, noueuse comme le pied de la vigne,

Et ce, malgré les fissures et cicatrices me rappelant

Les douleurs d'un récent passé

Un cœur meurtri, certes,

Mais un cœur de vivre à nouveau et d'aimer !

« Oui ! Vivre encore !

Faire que chaque jour

Nous rende plus fort

Car le triomphe de l’amour

Vaut tous les tambours,

Son cri est sa raison

Il convainc bien plus que les canons.

Vivre encore et encore !

Même après la mort

Quand bien même si elle nous attend

Telle une vieille fille

Au carrefour du temps

Comme la faucille

Fauchant le blé des champs ! »

- L.M. avril 2011-