"Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie". A.Malraux
NUL NE PEUT ÊTRE CONDAMNE A LA PEINE DE MORT
Peut-on encore dire "Tu ne tueras point" en tuant ? Répondre à la douleur par la vengeance ?
L'idée forte, pas fondamentalement humaine, s'apprête à conclure sa longue marche dans notre beau pays. Initié par Jacques Chirac, un projet de loi sera présenté en conseil des
ministres le 24 janvier2007. D'une phrase courte mais lourde de sens, l'article 66-1 du titre VIII de notre Constitution assènera : "Nul ne peut être condamné à la peine de
mort."
Le 9 octobre 1981, sous la férule du garde des
Sceaux Robert Badinter et la présidence de François Mitterand, la France devenait le 36ème pays abolitionniste. Les français étaient contre 62 %. Vingt-cinq après, selon un sondage paru en
septembre, une majorité de 52 %est opposée au rétablissement de la peine de mort. Il y a des messages et des valeurs qui tranchent lentement mais aussi sûrement que le fil de la
guillotine.
On est là dans le cadre du symbole. Sur le plan juridique, la France a signé des traités internationaux qui lui
interdisent peu ou prou un revirement. La volonté de Jacques Chirac est de laisser une trace, autant dans la Constitution que dans son histoire personnelle. Il n'a pourtant pas toujours été suivi
par ses troupes.
Ainsi, 44 députés UMP et 1 UDF, dont 3 nordistes Jean-Claude Decagny et Christian Vanneste, ont déposé une
proposition de la Loi le 8 avril 2004 (n° 1521) "tendant à rétablir la peine de mort pour les auteurs d'actes de terrorisme" ! On imagine la tête du président qui avait voté l'abolition en 1981
et écrit en 2001 : "Jamais la mort ne peut constituer un acte de justice." Rassurons-nous, la proposition est dans un carton oublié. Son inanité laisse pantois : visualisez un kamikaze renonçant
à son action par la crainte de finir la tête sur le billot...
Le résolu mouvement a aussi progressé sur la planète : 99 États interdisent l'exécution capitale, et 30 autres
l'appliquent de facto en ne la pratiquant plus depuis 10 ans. Pour aller vers l'abolition universelle, vrai défi d'un XXIème siècle débutant sur un rythme chaotique, il faudra renverser des
montagnes d'opinions. Les États-unis, la Chine, le Japon, l'Inde, pour ne citer que les plus puissants, infligent la peine de mort. C'est d'eux que pourra venir le mouvement suprême, pour
en finir avec la loi du talion. Mais ne rêvons pas trop vite.
En Europe, chez nous donc, la Pologne des frères Kaczynski pense sérieusement à revenir su l'abolition votée en
1996. Elle est coincée par le protocole n°6 de la Convention européenne des droits de l'homme, ratifié en 2000. Mais la Diète polonaise a déjà rejeté en 2004 un amendement rétablissant la peine
de mort par 198 voix contre 195. Avertissement !
En Irak, on s'apprête à pendre Saddam Hussein pour "crime contre l'humanité", sans possibilité de grâce comme
l'ont pensé les américains. Les pieds dans le bourbier sanglant, les irakiens se bousculent pour être son bourreau. Dans quel but ? Vivre mieux en paix ?
La théorie de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe, oblige à la vigilance : "Par l'état de nature,
l'homme est un loup pour l'homme." Sans loi, sans une simple ligne ajoutée à une Constitution, nous reviendrions aisément des loups parmi les loups.
(article du 29 décembre 2006 par Olivier Berger pour le journal "La Voix du Nord")
Lise
(article du 29 décembre 2006 par Olivier Berger pour le journal "La Voix du Nord")
Lise
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